Entre pierre et vin
Implanté au cœur de Saint-Antoine-l’Abbaye, village marqué par une forte topographie et un patrimoine architectural majeur, ce projet s’inscrit dans un site à la fois contraignant et inspirant. La pente du terrain, modelée par le Furand et ses crues successives, offre une vue remarquable sur le village et son abbaye, qu’il a fallu préserver et valoriser. L’analyse du site révèle également une trame urbaine parallèle et un axe d’inflexion fort, devenus les principaux supports de la stratégie d’implantation.
Le projet adopte une forme en L, en écho à la typomorphologie et aux dimensions de l’abbaye, et prend place pour achever le jardin abbaye. Il conserve toutefois le mur existant en pierre, élément structurant qui délimite le jardin et devient un support de parcours. Deux barres superposées en angle droit viennent ainsi cadrer la vue et créer une véritable scène paysagère autour du jardin.
La barre inférieure, dédiée à la production viticole, affirme une matérialité minérale en pierre, en continuité avec l’abbaye et le mur existant. Elle accueille l’ensemble du processus de vinification : cuverie, chai d’élevage, locaux techniques, espaces de stockage et d’étiquetage, jusqu’à un amphithéâtre destiné à la transmission des savoirs. La structure est composée de murs et de poteaux en pierre de 80 cm d’épaisseur, disposés en alignement et générant une circulation centrale.
La barre supérieure, réalisée en béton, regroupe les espaces d’accueil, de formation, d’exposition et d’activités. Elle comprend un accueil en double hauteur, reliant les deux entités avec un escalier. Un couloir vitré orienté au sud structure la circulation et instaure un dialogue permanent avec le paysage.
Le projet se prolonge par un aménagement paysager structurant : un parvis minéral en dalles de béton, des zones végétalisées basses créant des limites douces, des assises émergentes, un parking traité en contrebas et un chemin le long de la lisière conduisant à des terrasses soutenues par des murs en pierre. Des arbres d’alignement soulignent l’axe d’inflexion et accompagnent le parcours.
Les choix techniques mêlent savoir-faire traditionnel et écriture contemporaine : murs de pierre en double parement avec remplissage, dalles béton en pente pour l’écoulement des eaux, toiture-terrasse accessible à grands porte-à-faux composée de caissons béton autoportants, et façade sud largement vitrée équipée de raidisseurs. La structure de la barre supérieure repose sur une trame de murs porteurs parallèles, complétée par poteaux et poutres.
À travers ce projet, l’architecture devient un outil de mise en valeur du territoire, croisant production, art et pédagogie dans une approche sensible, ancrée dans le site, son histoire et sa matérialité.
*Projet de Master 1